Pourquoi devons-nous travailler ?
Paul Lafargue (1842-1911), penseur socialiste, tente de comprendre l'amour absurde du travail, « cette étrange folie qui possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste ». Relire Le Droit à la paresse nous rappelle que la liberté d'employer le temps est fondamentale.
La Religion du Capital, farce savoureuse de l'auteur du Droit à la paresse publiée pour la première fois en 1887, est le compte-rendu fictif d'un congrès international tenu à Londres, au cours duquel les représentants les plus éminents de la bourgeoisie rédigent les Actes d'une nouvelle religion pour ce Chaos qu'ils ont créé et ont décidé d'appeler «Monde civilisé».
«Je crois au Capital qui gouverne la matière et l'esprit ;
Je crois au Profit, son fils très légitime, et au Crédit, le Saint-Esprit, qui procède de lui et est adoré conjointement ;
Je crois au Grand-Livre de la Dette publique, qui garantit le Capital des risques du commerce, de l'industrie et de l'usure ;
Je crois à la Propriété individuelle, fruit du travail des autres, et à sa durée jusqu'à la fin des siècles ;
Je crois à l'Éternité du Salariat qui débarrasse le travailleur des soucis de la propriété.
Amen.»
Alors que la France est en deuil national, en mars 1885, et pleure la disparition de Victor Hugo, Paris est agité de l'une des plus bruyantes et des plus immenses cérémonies de la fin du siècle. Un seul fait entendre une voix discordante dans le concert de pleurs et des regrets louangeux que la presse entonne: Paul Lafargue, cet écrivain inclassable à qui l'on doit Le Droit à la paresse, s'attaque ainsi à la légende nationale que lui fabrique toute la presse. Alors que nous nous apprêtons à célébrer de nouveau le « géant politique », il est encore temps de ne pas succomber à l'hugolâtrie, très répandue.
Paul Lafargue (1842-1911) est surtout connu pour son inoubliable Droit à la paresse, et peut-être aussi pour avoir été le gendre du grand Marx. Socialiste ardent, de toute les luttes de son temps - membre de la 1re Internationale, il participa activement à la Commune -, il laisse un témoignage historique considérable.
Dans un langage marxiste désuet à travers lequel perce l'esprit brillant et parfois caustique, tous les sujets sont évoqués. Dénonciation de l'argent, de la finance, de la bourgeoisie, en un mot du capital qui deviennent Dieu et religion. Analyse de la littérature et de ses grands maîtres - que Lafargue n'hésite pas à égratigner - Balzac, Zola, ou Hugo " ce tournesol que la nature condamnait à se tourner avec le soleil ". Et avis pêle-mêle, sur la condition de la femme, le socialisme de Jaurès, la Révolution, la métaphysique, l'affaire Dreyfus...
Lisant Lafargue, on rentre de plain-pied dans un XIXe siècle perclus de certitudes et de luttes, qui n'est pourtant pas sans résonner avec le marasme de notre temps d'incertitudes et de crises.
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Les bourgeois apprécièrent hautement ces qualités de Hugo, si rares à trouver réunies chez un homme de lettres : l'habileté dans la conduite de la vie et l'économie dans la gestion de la fortune.
Ils reconnurent dans Hugo des rayons de la gloire, un homme de leur espèce, et plus on exaltait son dévouement au devoir, son amour de l'idée et la profondeur de sa pensée, plus ils s'enorgueillissaient de constater qu'il était pétri des mêmes qualités qu'eux. Ils se contemplaient et s'admiraient dans Hugo, ainsi que dans un miroir. La bourgeoisie donna une preuve significative de son identification avec " le grand homme " qu'elle enterrait au Panthéon.
Tandis qu'elle conviait à ses funérailles du 1er juin toutes les nations, elle ne fermait pas la Bourse et ne suspendait pas la vie commerciale et financière parce que le 1er juin était jour d'échéance des effets de commerce et des coupons des valeurs publiques. Son coeur lui disait que Victor Hugo, il poeta sovrano, aurait désapprouvé cette mesure ; lui qui, pour rien au monde, n'aurait retardé de vingt-quatre heures l'encaissement de ses rentes et de ses créances.
(Extrait)
Le droit à la paresse : réfutation du droit au travail, de 1848 / par Paul Lafargue http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80117m
Pamphlétiste et anticlérical, Lafargue expose une vision hilarante de sa Sainteté le Pape et de ses différents déboires, désertion des fidèles, hémorroïdes.....
Le texte est écrit sous forme de courte pièce de théâtre.
Les Souvenirs de Lafargue sont empreints d'une certaine déférence à l'égard du savant que fut Karl Heinrich Marx, une estime suggérant une profonde admiration. Bien qu'écrit en 1890, soit sept ans après la mort de Marx et vingt-cinq ans après leur première rencontre, le texte semble avoir été rédigé dans les premiers mois de leur relation, tant la fougue et l'enthousiasme sont présents d'un bout à l'autre des Souvenirs.
Première biographie de Karl Marx, ce texte offre une approche intime de l'entourage du théoricien.
Le présent ouvrage donne en effet une « photographie » parfaite de la famille Marx, le clan apparaît tel qu'il existât au moment de la rencontre des deux protagonistes.
Davantage encore se dessine « la méthodologie » de Marx, cette manière singulière de travailler, d'édifier l'érudition. Le disciple Lafargue donne une place de choix à la méthode, à l'étude et à la large connaissance.
Ce texte est sans nul doute l'approche la plus amicale du théoricien du Capitalisme.
En 1883 à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, Karl Marx fît la demande au Parti Ouvrier Français, d'écrire un résumé du Capital, "lisible et compréhensible par la plupart des prolétaires français". Ce résumé, oeuvre de Gabriel Deville, deviendra très vite l'un des principaux manuels de formation du P.O.F., à tel point que plusieurs des critiques faites par les "économistes officiels" citeront non le texte de Marx mais celui du résumé. Engels formulera toutefois de nombreuses critiques, allant jusqu'à répondre à Kautsky, l'un des dirigeants du Parti allemand, lorsque celui-ci leur proposa d'en faire une traduction, que si cela se faisait, ce serait sans son accord. Paul Lafargue ne reprendra le travail de zéro qu'en 1894... En ces temps de "redécouverte" de Marx et de son ouvrage majeur, il nous semble important de rééditer ce "résumé", ou, comme Paul Lafargue l'a plus modestement intitulé en 1894 : "Karl Marx : Le Capital. Extraits".
Ces trois oeuvres de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, témoignent d'une réappropriation somme toute étonnante du marxisme. "La Religion du Capital" expose la manière dont le Capital lui-même fonctionne comme une religion, la religion par excellence. La forme est parodique. La pensée ne l'est pas. "Le Droit à la paresse" souligne la manière dont l'acceptation et la recherche du travail sont les sources de l'asservissement de la classe ouvrière. Quant à "Pie IX au Paradis", c'est davantage une farce, critiquant de manière joyeuse le monde supposé transcendant, mais où se retrouve toutefois la pensée politique de Lafargue.
Le droit à la paresse de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, a toujours tenu un rôle privilégié beaucoup plus pour notre imaginaire qu'en tant que texte sociologique ou politique. Alors, on pourrait se dispenser du travail ?
Ces théories ont pris tout récemment une nouvelle actualité, et nos modes de vie nous conduisent en permanence à nous en reposer la question. Le chômage massif et organisé comme permanence sociale, la brutalité des licenciements, l'histoire de la protection sociale en France et ses côtés parfois anachroniques. L'émergence de la culture des loisirs et la marchandisation du temps libre, c'est tout cela que nous faisons résonner dans le titre paradoxal de Lafargue.
Pourtant, comme nous sommes proches des analyses de Engels sur la classe ouvrière anglaise, la mise au jour des mécanismes de l'exploitation la plus sauvage du travail humain dans les filatures, mines, hauts-fourneaux. C'est à ceux qui posent comme idéal que l'ouvrier, l'enfant, l'ouvrière n'aient à travailler que douze heures par jour que s'en prend Lafargue. Les concepts de temps et de consommation qu'il établit, à nous de les relire de façon active.
Ecrit ans l'écho de la Commune à laquelle Lafargue participe, dans la dureté de la répression ouvrière de ces années 1880, le Droit à la paresse est dans ma bibliothèque numérique depuis bien longtemps.
FB
Dénonçant un illusoire droit au travail qui n'est pour lui que droit à la misère, Lafargue soutient qu'une activité proprement humaine ne peut avoir lieu que dans l'oisiveté, hors du circuit infernal de la production et de la consommation, réalisant ainsi le projet de l'homme intégral de Marx.
Un classique toujours autant lu, plus que jamais d'actualité.
Dénonçant un illusoire droit au travail qui n'est pour lui que droit à la misère, Lafargue soutient qu'une activité proprement humaine ne peut avoir lieu que dans l'oisiveté, hors du circuit infernal de la production et de la consommation, réalisant ainsi le projet de l'homme intégral de Marx.
Un classique toujours autant lu, plus que jamais d'actualité.
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Paul Lafargue, premier député du Nord et gendre de Marx, pense comme lui que ce sont les hommes qui font l'histoire. Puis, en observant la réalité les hommes fabriquent les idées. Il met en évidence les rapports entre la croyance en un Dieu et l'économie de marché. Ce texte écrit en 1909 garde toute son actualité en cette fin de siècle où les croyances absurdes et la déification du marché masquent le déterminisme économique de nos actes.